Juliane qui, la semaine prochaine, traduira le Veloblog du français en allemand m’en avait parlé : le café des dames de Groß Neuendorf mené par madame Rindfleisch est un incontournable. Coup de chance : la présidente de l’association vide sa boîte aux lettres au moment où je descends de mon vélo… C’est autour d’un café et d’un délicieux gâteau que j’apprends comment l’aventure a commencé. Avec la réunification, l’agriculture s’est avérée trop peu rentable dans la région et les femmes furent les premières à perdre leur emploi, notamment les « quarante ans et plus », comme me l’explique madame Rindfleisch qui elle-même travaillait alors dans l’usine de betteraves à sucre du village. « A cet âge-là, il devient difficile de partir de sa région, de recommencer à zéro. Nous avons donc réfléchi à ce que nous pouvions faire sur place et avons décidé de miser sur le tourisme. » En 1994, madame Rindfleisch est élue Maire de Groß Neuendorf. De quoi prendre encore plus au sérieux le développement de la commune. La même année, la municipalité rachète le restaurant du village, vide depuis quelques années déjà. Les rénovations sont lancées et les dons issus des inondations de 1997 viennent donner un coup de pouce : en 1998, le café ouvre ses portes. Bénévoles les premières années, six femmes sont maintenant employées par l’association. Opération réussie : des femmes au chômage se sont créé un emploi dans la région et le café gagne en notoriété. Mais madame Rindfleisch et ses acolytes ne s’arrêtent pas là. Une bibliothèque est ouverte avec notamment une petite pensée pour les jeunes qui ne peuvent pas toujours s’offrir l’accès internet ou les livres nécessaires pour l’école. « Nous faisons aussi du travail social et servons par exemple les repas à une cinquantaine de seniors habitant jusqu’à 70 kilomètres à la ronde, souvent dans des coins reculés où aucune entreprise ne les prendrait en charge. » Mais l’histoire du café des femmes de Groß Neuendorf n’illustre pas seulement la prise en charge exemplaire de leur destin par des femmes de l’ex-RDA une fois l’Allemagne réunifiée. Le café se veut également acteur de la région des marécages asséchés de l’Oder (Oderbruch). « Nous organisons des rencontres entre artistes allemands et polonais ainsi que des journées thématiques amenant à considérer la région comme une unité », m’explique la présidente de l’association multifonctionnelle. Allemands et Polonais de la région se seraient fortement intéressés au thème abordé l’année dernière, les 300 ans de voisinage avec la question du déplacement des populations. « Notre exposition de cette année, dix ans après les inondations de l’Oder, a aussi connu un vrai succès » Et déjà, la petite équipe projette pour l’automne la prochaine exposition sur un thème transfrontalier, les enfants soldats de la Seconde Guerre mondiale. Madame Rindfleisch m’avoue avec le sourire que si elle avait su combien d’énergie allait lui demander le café, elle ne se serait peut-être pas lancée dans l’aventure ! Et d’ajouter que doucement, elle recherche de nouvelles recrues un rien plus jeunes pour prendre le relais.
1 Commentaires sur "Le café de ces dames à Groß Neuendorf"
Admirables, ces femmes! Bravo! laisser un commentaire
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