Il m’est difficile de vous conter l’histoire d’Horno. Car ce village, je ne l’ai pas vu. Du moins pas le vrai. Seulement le nouveau. Et l’ancien, j’ai eu beau le chercher, je ne l’ai pas trouvé. Et pourtant, je ne cesse d’en entendre parler. Horno est rayé de la carte, rayé de l’Internet. www.horno.de n’existe plus. Le petit village de quelque 350 habitants s’est finalement laissé engloutir par le trou béant de la mine de charbon à ciel ouvert de Jänschwalde, au nord-ouest de Forst cette fois. En juin 2004. Ça faisait des années que les habitants résistaient, m’explique-t-on au village voisin de Grießen. Depuis 1977 très exactement. Ils ont tout essayé : lutter pour la communauté des Sorabes fortement présente dans la commune, pour l’Eglise vieille de 500 ans et pour le principe. Mais l’entreprise Lausitzer Braunkohle AG (LAUBAG) a finalement eu raison de tout un chacun. Même du couple de monsieur et madame Domain, qui restèrent propriétaires de leur maison (le café du village) jusqu’au dernier moment, au milieu de la poussière, du bruit et du désert de la mine. Une histoire pas comme les autres, et pourtant pas la première du genre qu’on me raconte dans la région. Les uns s’interrogent sur le bon sens de cette mine qui s’agrandit de Cottbus à la frontière et mange tout sur son passage. Les autres y voient avant tout des emplois. Mais personne ne se demande vraiment si c’est économiquement viable. Drôle d’ambiance. Surtout quand on sait que la conversation a lieu à Grießen, un village tout au bord de la mine. En quelque sorte sur la liste d’attente. Même si les personnes au bar de la centrale hydraulique me certifient le contraire. Tout en ajoutant qu’ici, on n’a plus le droit de construire depuis les années 90. Comme avant, à Horno. Et qu’avec le bruit, la poussière et le trou, eh bien, on ne compte plus qu’une centaine d’habitants. Effrayant. Tout aussi effrayant fut d’ailleurs le détour via les mines de charbon, à la recherche du village disparu. Des routes s’arrêtant net (1, 2), des panneaux de signalisation désuets et un trou, un énorme trou noir (1, 2). Comme au sud de Weißwasser. Comme au nord de Bogatynia. « Vous voulez voir Horno ? Mais vous arrivez avec plus de deux ans de retard ! Il n’y a plus rien ici », me répond l’agent de sécurité patrouillant autour du trou. « Maintenant, ils sont tous à Neu Horno, en banlieue de Forst. » A vingt kilomètres. Un village entièrement construit par l’entreprise pour les « déménagés d’Horno ». Des maisons parfaites mais sans âme. Photographiées sous un arc-en-ciel. La carte postale impeccable. Et pourtant, les personnes âgées y tombent comme des mouches… pour une politique énergétique sensée ?
8 Commentaires sur "Horno : avant, après."
Ben là forcément on rêve moins… Un hybride de Germinal, La Firme et La soupe aux chous. On se croirait en pleine fiction, mais c’est réel. Du Steinbeck aujourd’hui et en Europe! Quelle tristesse!
Valérie le 9. août 2007 à 10:26
Gloups. Merci pour cette vision noire mais instructive. Une métaphore pour beaucoup d’autres évolutions? Horno ist schön neu und teuer für den Steuerzahler. Horno wurde mit keinem Cent von Steuergeldern bezahlt! Ich denke man sollte sich tunlichst zurückhalten, wenn man keine Ahnung hat und nur vom HörenSagen die Geschichte kennt! Das gilt für den Verfassser ebenso wie für Kommentarschreiber! Madame Sahia,
Frank J. le 10. septembre 2007 à 16:37
“Der Verfasser” ist übrigens eine Verfasserin. laisser un commentaire
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