Archives pour les ‘Allgemein’ catégorieOui, nous avons cédé à la tentation d’aller voir le château ensorcelé de Bartek. Tout y est, comme décrit la veille… Des marches donnant sur la mer, une piscine couverte abandonnée, des travaux comme abandonnés en court de réalisation. Drôle d’ambiance, ambiance de squat, d’ambitions abandonnées en cours de route. Et si Bartek était un merveilleux conteur, si les mauvais sorts n’étaient qu’une belle histoire pour faire revivre les lieux ? Toujours est-il que nos photos ne sont ni floues ni surexposées et que le château situé sur les bords de l’estuaire mérite vraiment d’être rénové. Pourquoi pas pour en faire un centre de rencontres pour jeunes Européens ? Nous serions ravis d’être invité à l’inauguration de la piscine rénovée ! La conversation reprend sur un ton moins mystique. Il en va maintenant des activités du camping et centre de loisirs, plus animé en hiver qu’en été, nous explique Bartek. « De l’automne au printemps, nous accueillons des formations d’entreprises, nous organisons des soirées, des anniversaires et des mariages ». Mais en été, peu nombreux seraient les touristes à venir se perdre au camping. « C’est dommage, les liaisons de bus se font rares de Trzebież à Nowe Warpno et de fait, les curieux aussi. » Oui, bien dommage, car ici, il se fait bon vivre ! Les comparses du Veloblog ne reçoivent pas que de drôles d’histoires racontées avec le sourire mais aussi le boire et le manger. Vraiment de quoi accrocher une étoile à la porte d’entrée du camping avant de se remettre en chemin ! Sitôt arrivés au camping de Brzózki, nous chassons la petite histoire. Et quelle surprise d’entendre Bartek, gérant du camping et centre de loisirs, nous compter la région ! « C’est l’histoire d’un château, caché dans la forêt non loin du camping. Mais ce n’est pas vraiment drôle », nous prévient-il avec le sourire, nous proposant par la même occasion un rafraîchissement. Il était une fois, dans les années 20, un médecin dont la fille était gravement malade. Propriétaire du château, ce dernier promit d’offrir les lieux en récompense à qui viendrait à bout de la maladie, ajoutant que si sa fille trépassait, les lieux seraient maudits à jamais. Et c’est ce qui s’ensuivit, nous raconte Bartek. « Je vis ici avec ma famille depuis les années 70 et après un temps, nous avons remarqué que les propriétaires du château décédaient les uns après les autres, de cancer ou autre maladie. » Le dernier propriétaire serait mort en 2000 ou 2002, après avoir fait construire une surélévation du terrain pour sauver le château de la montée du niveau de l’eau en hiver. « C’est un peu comme si le château avait instrumentalisé l’homme pour se sauver », commente Bartek. De quoi frissonner en sirotant nos verres dans le café du camping. « Au début de l’été, un Allemand qui habitait ici à la fin des années 20 est venu au camping », continue le jeune gérant. « Il nous a montré des photos des lieux du temps où il était ici. Mais quand nous lui avons demandé ce qu’il en était du château autrefois, son visage s’est tout de suite assombri et il s’est retiré. » Les photos apportées sont restées, mais l’enveloppe avec les coordonnées de l’Allemand, elle, a mystérieusement disparu. Les énigmes se succèdent alors même qu’au village, seules les vieilles personnes auraient encore connaissance des mauvais sorts jetés par le château. En 2001, un peintre venu participer à une rencontre artistique au centre, serait décédé après avoir peint le château et après que ses œuvres sont devenues noir… Idem pour les photos : impossible de faire des photos de lieux qui ne soient pas floues. La tentation est grande de vérifier la véracité de l’histoire, même si moi, dans ma petite tête, j’hésite un temps à vous conter l’histoire sur le Veloblog… peu motivée à l’idée de disparaître à tout jamais, conjurée par un mauvais sort! Difficile de prendre congé du camping où bigos comme soupe aux cornichons nous sont offerts par les dames de la cantine : c’est qu’on s’habitue très vite à la bonne cuisine ! Seulement voilà, quelques kilomètres à pieds ne nous feraient pas de mal et nous voulons découvrir la région. Après quelques tournicotis dans le village, nous demandons notre chemin à une septuagénaire de Police venue cueillir les champignons en vélo dans le coin. Moitié en allemand, moitié en polonais et sans lunettes pour lire la carte, la dame nous fait rebrousser chemin : le chemin pédestre passant à travers bois serait ailleurs. Un automobiliste s’arrête et nous propose de monter, nous et nos gros sacs. Mais non, cette fois c’est décidé : nous marcherons ! Ce sont des villageois qui finalement nous remettront sur la bonne piste, non sans nous regarder d’un air amusé et nous répéter que le prochain village est bien loin. Qu’importe : nous sommes motivées et il nous faut retrouver un Français venu nous rejoindre à vélo… Opération réussie : nous nous retrouvons grâce à un certain magnétisme au grand bonheur de tous et dégustons un bon vieux saucisson polonais à l’ombre de la forêt. Brzózki, le prochain village où nous comptons passer la nuit n’est plus qu’à deux kilomètres. C’est confortablement installées dans le minibus de l’auberge de jeunesse que nous parcourons les premiers kilomètres. Sortir de Stettin par le nord, direction Police. Les magasins sont fermés, les habitants de sortie. Ca va être difficile de trouver un toit ou même de rencontrer quelqu’un, nous disent nos gentils accompagnateurs. C’est dimanche, les gens sont en famille. Nous nous décidons pour descendre au prochain village car, d’expérience, c’est plus facile de trouver quelqu’un en campagne. Mais c’est que le minibus mené par Stanislas avale les kilomètres. Les petits villages défilent : Debostrów, Niekłończyca, Uniemyśl. Nos deux hôtes veulent à tout prix nous déposer dans un lieu sûr. Nous atteignons Trzebież, petite commune au bord de l’eau, à une quinzaine de kilomètres au nord de Police. Les maisons de pêcheurs à la basse toiture et toutes de briques semblent doucement y laisser place aux infrastructures touristiques. Stanislas, retraité natif de Stettin et chauffeur du minibus s’émerveille : il ne connaissait pas mais compte bien revenir, avec sa femme cette fois. L’Oder s’élargit, nous approchons de l’estuaire. Un temps, avec le vent, nous pourrions nous croire à la mer. Mais l’eau est rudement brunâtre. D’ailleurs, interdiction de se baigner : l’eau serait pleine de bactéries. Un rapport avec l’énorme usine chimique vue en chemin et dont les produits seraient entre autres transportés par voie fluviale ? Il y a déjà une amélioration côté respect de l’environnement avec les standards européens, mais qui sait ? Nous ne nous baignerons pas. De toute façon, il fait un peu trop frisquet ! Et puis l’eau est marron. Après s’être assurés que nous avons un toit pour la nuit, un bungalow de luxe, nos hôtes prennent congé. De notre côté, après un tour dans la commune, un repas à la cantine avec bygos au menu et un pot au café local apparemment décoré pour un mariage, nous nous requinquons pour démarrer Le directeur de l’auberge de jeunesse et son chauffeur attitré offrent le café du matin au petit groupe ayant gracieusement passé la nuit dans l’établissement après la « journée rencontres » du Veloblog au Café Brama Jazz (merci aux jeunes de la réception d’avoir tenu la porte ouverte jusque tard dans la nuit). Nous quittons le jardin public de l’auberge de jeunesse - candidat au concours de « Stettin en fleurs » - pour le jardin des roses, restauré il y a peu dans le style du jardin allemand de la fin des années 20. Car il ne faut pas l’oublier, Stettin fut allemande jusqu’en 1945. Aujourd’hui encore, les Stettinois plaisanteraient sur l’idée des Alliés qui voulaient diviser Stettin en deux, le long de l’Oder : « pour les habitants, il y a Stettin l’allemande et Stettin la polonaise », me dit le directeur, Zbigniew Jakobsche. Après un petit tour dans le théâtre d’été et sa scène gigantesque, le minibus nous ramène à l’auberge. Le temps de faire les bagages et hop, nous voici partis ! Les fans les plus assidus du Veloblog le savent déjà : la dernière semaine du Veloblog, cette semaine, ne sera pas comme les autres. Depuis la mi-juillet et jusqu’à présent, j’étais seule à la cueillette des petites histoires, allant de villages en villes, passant de l’Allemagne à la Pologne puis de la Pologne à l’Allemagne et colportant chaque jour ce que les habitants, mes hôtes ou autres acteurs de la région me racontaient. Le tout dans le but à la fois de faire connaître la région si souvent mal jugée et méconnue de l’Oder-Neisse ainsi que d’amener lecteurs du Veloblog comme habitants rencontrés à considérer la région frontalière comme un tout et non comme deux régions à la périphérie de leur pays respectifs. A plusieurs reprises, on m’a dit que le projet du Veloblog était magnifique mais que vraiment, j’étais inconsciente de voyager seule. Ou alors, on m’a demandé s’il était possible de se joindre à moi. La réponse fut négative. Je n’ai rien contre la bonne compagnie, mais pour le Veloblog, je me devais d’être seule, non par insouciance mais par expérience. Il est en effet bien plus facile de rencontrer l’habitant et de demander le logis lorsque vous êtes seule que lorsque vous êtes en groupe. De plus, lorsque vous êtes en groupe, une dynamique propre au groupe s’instaure et l’ouverture à l’extérieur s’en réduit. Toutefois, l’un des objectifs du Veloblog étant aussi de faire connaître la région, j’ai décidé de laisser curieux et passionnés m’accompagner sur la dernière semaine pour faire l’expérience de la frontière de manière toujours aussi spontanée, à la rencontre de l’habitant avec sac de couchage et tapis de sol. A pied plus qu’en vélo, afin que chacun, venu de près ou de loin, puisse se joindre à la joyeuse caravane. Les premières motivées (les filles seraient-elles plus courageuses ?) étaient hier sur la ligne de départ, à Stettin. D’autres nous rejoindront en chemin. Venus d’ici et d’ailleurs, j’espère qu’ils iront aussi à la cueillette de belles histoires pour le Veloblog, découvriront cette région fascinante et que nous atteindrons en fin de semaine la mer Baltique dans la joie et la bonne humeur. Que celles et ceux qui veulent nous rejoindre prennent contact avec le webmaster. Mon numéro vous sera transmis pour nous localiser avec précision. Ici ecrit Melanie: Le passager dans le train a destinantion Stettin avait entendu parler du projet a la radio, le couple de touristes allemands avait lu un article sur le veloblog dans le journal de la ville… l’arrivee de Charlotte dans la ville etait bien annoncee. Les derniers Stettinois qui n’etaient pas au courant ont ete prevenu par echassiers en debut de soiree. Ici ecrit Olaf: Szczecin! Enfin j’ai la possibilite de participer personnellement au Veloblog apres que toutes ces histoires ont aiguise ma curiosite. Sur le chemin qui nous mene au lieu de la rencontre - le Jazz Cafe Brama - nous rencontrons des lignes rouges que nous devrions peut-etre suivre? Elles joueront finalement un role important dans notre chasse au tresor dans la ville. Ici ecrit Pauline: Ca y est, enfin arrivee ! Apres un voyage plus long que prevu depuis la France, le Brama Cafe se revele contraste. De jeunes branches sont en terrasse tandis qu’a l’interieur s’est le melange des genres et des ages. Ce que je m’imaginais du veloblog : reunir des personnes qui ne se connaissaient pas quelques heures auparavant. Soiree sympa donc, avec des rencontres interessantes ou l’on se trouve des amis communs meme a l’autre bout de la terre! Ici ecrit Virginie: Le cafe branche de la ville, une chauffeuse de salle hyper efficace, deux mordus de danse folk, un journaliste au regime, deux velos, une auberge de jeunesse fort accueillante, deux couples adeptes du couchsurfing, la creme des guides polonais, une equipe de TV ultra-pressee, une anglaise de Berlin et une petite centaine de flyers a distribuer, une archi amoureuse de Leipzig, quatre echassiers, un hamac, un baroudeur ecossais, un photographe qui apparait… et disparait, une troupe de danse d’improvisation qui veut faire bouger sa ville, six mariages au moins, moi et Charlotte … c’etait la derniere journee de rencontre du Veloblog, a Stettin. Dziekuye ! Leszek m’emmene directement dans le bureau de l’eurorégion de Pomeranie ou le directeur, apres avoir pris connaissance des ambitions duVeloblog et de la “journée rencontres” a organiser, me recommande d’aller trouver Zbigniew Jakobsche, directeur de l’auberge de jeunesse. Celui-ci m’assurera le logis et pourrait m’aider a organiser un rallye pour découvrir la ville. De cafés dans le jardin en rencontres avec la presse, la journée du 25 aout s’organise en discutant, l’air de rien. Il faut juste que Zbigniew Jakobsche passe ses petits coups de téléphone magiques et hop, tout s’organise. Doucement mais surement, sans rendez-vous et, bien sur, au dernier moment. Légere épreuve de force pour les nerfs, apres un mois de vadrouilles, que de découvrir cette autre facon de travailler… ma foi tout aussi efficace si je fais attraction des moments passés a attendre dans l’indécision. A deux heures de l’arrivée des premiers participants, tout est pret: rallye dans la ville gracieusement assure par Olek, prix pour les meilleurs joueurs sponsorisés par l’auberge de jeunesse et chambre a disposition pour les personnes desirant rester apres les festivités. Et Pawel, photographe rencontré a Gorlitz, a aussi assuré de son coté, organisant le programme de la soirée comme un chef. En trois jours. Un remarquable coup de main… pour une soirée tres chouette! Les uns sont venus de Berlin, les autres de France et d’autres encore ont entendu parler de la Journee rencontres en recevant un des flyers du Veloblog distribues dans la rue par les plus motives, en debut de soiree. Une fois de plus, une belle journee rencontres. Chacun est invite a livrer ses impressions sur le Veloblog qui, une fois de plus, s’ouvre a d’autres mains tapotteuses. De mon cote, je garde forme et sourire, reconnaissante envers tous ceux qui s’impliquent dans le projet et contente de voir ce petit monde reuni au Brama Jazz Cafe dans la joie et la bonne humeur. Je suis prete pour la derniere semaine et invite, comme toujours, les lectrices et lecteurs du Veloblg au commentaire! Le Maire adjoint vient nous chercher chez Edwina pour aller au Laguna, le complexe aquatique de la ville avec bassin de 25 mètres, toboggans, piscine à vagues, bain à bulles, etc etc. Beaucoup d’Allemands viendraient y passer le week-end. Je suis aussi invitée à la détente, à rester pour assister le soir à une représentation de théâtre germano-franco-polonaise, mais malheureusement, je dois me rendre à Stettin pour préparer la troisième et dernière « journée rencontres » du Veloblog. Pour la première fois depuis le début du périple, le 14 juillet, le vélo est plié dans une voiture, dans une Peugeot, histoire cette fois de tester les autoroutes polonaises. Et bien sûr, on rie de la production automobile française… en regardant défiler les Leroy Merlin, Castorama, Carrefour et compagnie à l’approche de Stettin. |