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Rendez-vous est donné à neuf heures sur le pont reliant le centre de Görlitz et de Zgorzelec. Une vingtaine de jeunes allemands et polonais sont venus tout frais tout équipés pour démarrer ensemble cette nouvelle aventure. Eux aussi remontent la frontière Oder-Neisse. Mais bien plus sportivement que le Veloblog: 50 à 70 kilomètres par jour sont au programme. C’est qu’il faut bien que jeunesse se fasse! La veille au soir, les organisateurs de l’association Wir-My réglaient encore les derniers détails. Janusz, venu de Francfort sur l’Oder-Słubice a rejoint la troupe pour assurer les traductions pendant le périple. Le frigo et les sacs des participants sont chargés dans le transporteur conduit par Klaus; les participants mettent leur casque. Tout est prêt, un petit discours et le départ est sifflé! En cette première journée, le ton est donné. Sortir sa carte d’identité, la ranger, la ressortir. Les jeunes passent les postes frontières les uns après les autres: de Görlitz à Zgorzelec (1), puis le nouveau pont de Pieńsk (1) , le poste de Podrosche/Przewóz et enfin celui de Bad Muskau. Certains avouent ne plus trop savoir de quel côté ils sont! Et c’est le but: montrer que la frontière est avant tout arbitraire. Micha, précurseur du périple, a lui-même fait l’expérience de voyages multinationaux dans des régions frontalières pendant sa jeunesse. Et l’enthousiasme, l’ouverture d’esprit qui en résultent, c’est bien ce qu’il compte transmettre à ces jeunes embarqués dans l’aventure. Les participants viennent des environs de Görlitz-Zgorzelec. Allemands ou Polonais et âgés de 14 à 18 ans en moyenne, ils ont en général eu vent du projet cycliste dans leur école. Rien de plus pratique pour se rappeler ensuite ensemble des bons souvenirs et autres moments de fatigue. Il leur suffira de passer un pont, comme ci ou comme ça, pour se retrouver d’un côté ou de l’autre de la frontière… Au grand bonheur des organisateurs (1, 2)! Ces derniers leur ont concocté des étapes culturelles sur le chemin. En cette première journée, il leur fut entre autres expliqué ce qu’il est advenu de la commune de Tormersdorf, rayée de la carte à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Puis, quelques kilomètres plus au nord, à Rothenburg, le pasteur de Martinshof leur a présenté succinctement l’histoire des lieux. Un centre pour handicapés partiellement évacué sous le IIIème Reich, puis un ghetto juif rassemblant quelque 700 personnes dont une grande majorité fut ensuite envoyée dans les camps de concentration. Après la guerre, le centre fortement endommagé fut remis à l’Eglise protestante. Aujourd’hui, Martinshof accueille de nouveau des handicapés comme des personnes âgées et se souvient. L’histoire de la région est ainsi contée aux jeunes cyclistes, au fil des kilomètres et toujours en deux langues, Janusz assurant la traduction en allemand comme en polonais. La langue de l’autre est plus ou moins bien maîtrisée: les uns ont grandi dans une famille binationale, les autres parlent une langue à la maison, une autre à l’école. Et certains ne maîtrisent que leur langue maternelle. Mais rien de grave, au pire, on peut toujours recourir à l’anglais et faire de grands gestes pour se faire comprendre! A la fin de la journée, quelque peu épuisés par les 70 kilomètres parcourus, tous se réjouissent du barbecue annoncé (1, 2). Le ravitaillement est assuré par la Turmvilla voisine, là où le groupe passera la nuit. Mais Wojtek ne se contente pas de faire la popote: il emmène les jeunes à travers bois et leur montre les vestiges du moulin à eau de Kutschig, le long de la Neisse, à une dizaine de kilomètres au sud de Bad Muskau. Un haut lieu de détente au XIXème, aujourd’hui entièrement disparu… Le barrage à eau a lui-même disparu, mais la trempette est encore possible et les jeunes n’y échappent pas! Une paire de lunettes disparaît un court instant dans l’eau… pour ressurgir ensuite. L’ambiance est vraiment bon enfant et déjà, les uns et les autres font connaissance, en dépit des différences de langues, de vélos ou autre. C’est certainement avec plein de souvenirs en tête que le petit groupe rejoint son premier lieu d’hébergement, la Turmvilla de Bad Muskau. Un petit journal de bord est prévu, traduit dans les deux langues. Et pour encourager l’interactivité de ce petit monde, de part et d’autre de la frontière, le Veloblog s’ouvre à la jeunesse: que chacun puisse s’exprimer, échanger impressions, rendez-vous ou autre sur le Veloblog, dans sa langue ou celle de l’autre… en recourant à la fonction “commentaire”. Nos routes se séparent, je reprends mon rythme d’escargot, mais bon voyage à tous! J’espère croiser Klaus au volant du transporteur sur le chemin du retour. Il me racontera ainsi vos prochaines aventures le long de la Neisse puis de l’Oder… |