Archives pour les ‘Umweltbibliothek’ catégorieGrosshennersdorf m’aura vraiment marquée. Peut-être car Rebecca m’a fait rencontré des personnes toutes plus engagées les unes que les autres dans leurs projets. C’est qu’elle devrait ouvrir un bureau d’informations sur le village, elle qui convainc quasi les gens de s’installer dans la commune! Dernier exemple en date : Andreas, le nouveau voisin de Rebecca qui a passé le week-end en notre compagnie et a bel et bien décidé d’emménager dans l’ancienne école maternelle voisine. Il partagera entre autres le bail avec Sven. Sven a 29 ans, vient de Stuttgart, a étudié à Berlin puis est tombé amoureux de Grosshennersdorf au détour d’un voyage à la recherche de projets culturels alternatifs. C’est ce qu’il m’explique dimanche soir, après m’avoir proposé son accès Internet et ouvert une bouteille de vin de sa région pour finir tranquillement le week-end. Malheureusement, Sven ne peut pour l’instant exercer son métier de décorateur scénique à Grosshennersdorf. Pourtant il a tout essayé, jusqu’à remplir des dossiers et des dossiers afin de faire rénover une partie de la ferme appartenant à la cour du village et de la transformer en centre culturel avec scène de théâtre. Tout y est, même la pancarte « subventionnée par l’Union européenne » sur la façade. Et pourtant, rien ne se concrétise… Ne pouvant rester plus longtemps inactif, Sven a du, comme beaucoup de jeunes, quitter la région sur laquelle il avait jeté son dévolu. Direction Osnabrück. Les cartons sont déjà faits, mais son « à la maison » reste encore Grosshennersdorf. Qui sait, peut-être que son rêve sera entendu à Bruxelles ?
Ca y est, je peux enfin vous livrer les premiers récits et ce, sans avoir encore donné un seul coup de pédales! Arrivée à la gare de Zittau, j’ai suivi à la lettre les indications de mon hôte, Rebecca, ai hissé mon vélo dans le bus pour atteindre aisément Grosshennersdorf, village d’un peu plus de 1600 habitants situé à une douzaine de kilomètres de Zittau, direction Löbau. Son village, Rebecca le raconte à merveille, elle qui vit depuis 1995 dans la région, après avoir un temps rêvé, jeune Américaine, d’être missionnaire protestante en Russie. Moi, je vais vous raconter l’histoire du centre pour handicapés. Tout commence au XVIIIème, avec la noble famille des von Gersdorf qui possédait là un humble château. Un tantinet révolutionnaire pour l’époque, une grande dame décida de fonder une école qui serait non seulement ouverte mais également obligatoire pour tous les enfants de la commune: la “Katharinenhof” devenue, au cours de l’histoire, le centre pour handicapés du village. Et l’histoire, le centre pour handicapés la raconte. Il y a là la stèle rappelant l’enlèvement de plus de 150 enfants handicapés par les nazis. Mais il y a aussi la “Umweltbibliothek” et la “alte Bäckerei”. C’est que du temps de la RDA, m’explique Rebecca, s’occuper des handicapés permettait de ne pas être trop confronté avec le régime politique, de vivre en marge de la société. Résultat, plusieurs personnes en désaccord avec le régime sont venus travailler au centre pour handicapés de Grosshennersdorf. L’occasion de se retrouver et de développer des projets alternatifs qui existent encore aujourd’hui… alors même que le centre pour handicapés reste l’employeur principal du village et que les LPGs made in GDR (coopératives de production agricoles) sont depuis bien longtemps à l’abandon. Pas très gai peut-être, pour un premier article, et pourtant: un bel exemple a contrario d’intégration des handicapés à la société ! Demain, Rebecca devrait m’emmener chez le voisin, le monsieur de la “Umweltbibliothek”, et puis nous parlerons de ce “triangle” (ou ce point?) où se rejoignent les frontières germano-polonaise et tchéco-polonaise. Mais avant, je profite de ce bon lit bien douillet: sait-on jamais! |