Archives pour le 20. juillet 2007
Merci aux coéquipiers venus sur le terrain pour leur joie, bonne humeur et belles paroles! Les personnes présentes à la journée rencontres le souhaitant peuvent ajouter ci-dessous leurs commentaires, cela va de soi! Et pour celles et ceux qui souhaitent plus d’informations et détails croustillants, il est possible d’écouter RFI Berlin entre 18 et 19h (21.07), de lire le Sächsische Zeitung ou encore de consulter la revue de presse du Veloblog. Je ne suis pas Charlotte. Exceptionnellement, notre cycliste en chef a ouvert son blog à quelques compagnons de route, en l’occurence ceux qui l’ont rejoint à Görlitz pour une visite alternative de la ville et une première soirée de rencontre. Impressions, de retour à la Neißegalerie après un parcours de plusieurs heures sous un soleil greco-romain. Dérive à travers Görlitz et sa jumelle Zgorzelec. L’occasion de constater que les villes frontières ne sont pas forcément des villes plus européennes que les autres et que les riverains de la Neiße se fréquentent sans toujours se comprendre. Görlitz: une petite ville qu’on atteint en bus (Ersatzverkehr oblige) avec ses rues piétonnières, ses noms de rues en caractères gothiques, ses vieilles dames qui ont peur que vous leur voliez leur sac même quand vous voulez juste leur demander l’heure et ses jeunes hommes qui veulent vous voler votre sac même quand vous n’avez que l’heure à donner. Zgorzelec: une encore plus petite ville aux pavillons étonnamment bourgeois et aux maisons en ruine depuis 1945. La Pologne dans toutes ses contradictions: des bâtiments publics tellement vides qu’ils ne sont même pas hantés, des kiosques où on trouve tout ce qu’on veut et tout ce qu’on ne veut pas, des immeubles où des jardins d’enfants voisinent des permanences de partis d’extrême-droite. Tant de choses à aimer et à détester que c’en est épuisant. Quoi qu’il en soit une belle promenade. Je dois finir ici car la soirée commence et que c’est à moi d’ouvrir le bal avec mes “Frontaliers sans Frontières”. Merci à Charlotte de son invitation et bonne route ! Ludovic / Deltoidea
Un rallye (2, 3, 4) dans la ville organisé par l’association Wir°My, une conférence-spectacle présentée par l’association Deltoidea ainsi que les pantomimes de Barbara et Elkin sur le thème de la frontière (1, 2), le tout suivi par un concert des MonkeyBrains (1, 2, 3, 4): tel fut le programme annoncé, tel fut le programme présenté. Ce qui m’a personnellement marquée lors de cette première “journée rencontres”, c’est l’interactivité grandissante du Veloblog. Mon idée initiale de “tricoter du lien social” ne semble pas si saugrenue et prend doucement forme. En témoignent les mails que je reçois: apparemment, de plus en plus de personnes s’intéressent au Veloblog. A ce titre, petite précision: beaucoup de remarques et de questions qui me sont posées intéresseraient à coup sûr les autres lecteurs-acteurs du Veloblog. N’hésitez donc pas à recourir à la fonction “commentaire” pour écrire vos propos. Vous aurez alors la chance de recevoir plusieurs réponses et pas seulement la mienne… En témoigne également la présence de personnes rencontrées sur le chemin en ce vendredi soir, à la Neissegalerie. Que ce soit madame Meusel du monastère Saint Marienthal, mes charmants hôtes de Görlitz ou encore Barbara et Elkin rencontrés à Grosshennersdorf, c’était pour moi magique de voir ces personnes réunies en un même lieu. Magique aussi de pouvoir leur présenter une partie de l’équipe Veloblog, présente sur le terrain. Je crois bien que ce sont ces rencontres croisées qui m’ont le plus fascinée! Il faut dire que pour quelqu’un qui ne raffole pas d’organisation, j’ai été servie! Du matin au soir, il m’a fallu assurer le bon déroulement de la journée comme répondre aux souhaits de la presse. Bien sûr, j’y ai pris un certain plaisir et me suis arrangée pour suivre au maximum le programme proposé. Mais tout de même, la tentation était trop grande, je n’ai pas pu résister à l’idée de jouer la carte de l’interactivité et ai ouvert le blog aux membres du Veloblog présents à Görlitz (1, 2). Ce sont eux qui, dans leur langue maternelle, vous racontent cette fois la “journée-rencontres” telle qu’ils l’ont ressentie!
La journée va être longue, mais Helga et Eberhard m’ont préparée un petit-déj de chef dans leur jardin: leur hospitalité est vraiment épatante, je ne peux que recommander la maison aux personnes de passage dans la région! Et c’est décidé, mes deux hôtes seront de la partie ce soir, pour la journée rencontres à la Neissegalerie. Mais avant, vite vite, je dois me mettre en chemin: c’est qu’Helga a parlé du Veloblog à son chef et maintenant, le directeur du musée de Silésie m’attend dans son bureau. Markus Bauer s’est intéressé à la Silésie après s’être énervé du fait que le thème soit encore, dans les années 80, la chasse gardée de la droite conservatrice. L’historien de formation se montre plutôt réceptif à mes questions et me conte l’histoire du musée de Silésie. Tout commence par le pourquoi du comment le musée se trouve à Görlitz: “une question très politique”, me prévient d’entrée de jeu Markus Bauer, le directeur du musée. “Tout le monde n’est pas d’accord sur la question de savoir si Görlitz appartient ou non à la Silésie”. Et de m’expliquer en détails les relations entre la région de l’Oberlausitz, à laquelle appartiennent Görlitz et la Silésie, une fois passé Napoléon. Puis Monsieur le Directeur développe le processus aboutissant à l’ouverture d’un musée sur la Silésie: “Tout commence dans les années 50, avec les Allemands déplacés de Silésie, aujourd’hui la Pologne. Les Silésiens, comme on les appelle, ont formé des “Heimatstuben” dans les nouvelles villes allemandes où ils furent déplacés. On se retrouvait chez soi ou dans un café… souvent selon les villes d’origine. Par exemple à Cologne, il y avait un “Heimatstube” pour la grosse communauté de Breslau (Wrocław). Et dans les années 70, toute une discussion s’est développée sur l’avenir de ces “Heimatstuben” et autres petits musées locaux consacrés à la culture silésienne: qu’allaient-ils devenir après la première génération de déplacés?” De là, le vœu d’ouvrir un musée central. Au début, il fut question d’Hildesheim, non loin d’Hanovre, beaucoup de Silésiens vivant dans la région. Puis Gerhard Schröder fut nommé comme ministre président de la région de Basse-Saxe, à la tête d’une coalition rouge-verte, et mit fin au projet de suite. “C’est que le concept du musée était alors plutôt discutable, présentant les Silésiens comme un peuple en exil”, commente Markus Bauer. “Un musée pour les artistes silésiens contemporains était aussi au programme, mais renfermant la communauté sur elle-même plus qu’autre chose. Or les enfants des Silésiens se sentent avant tout bavarois, saxons, etc.” Bref, le projet d’un musée à Hildesheim est tombé à l’eau. L’idée d’un musée central sur la Silésie fut relancée après la réunification allemande, en 1990, et à Görlitz fut fondée une association qui obtint rapidement le soutien de l’état fédéral allemand puis, après quelques discussions, celui du land de Saxe. Une Fondation fut créé en 1994, les travaux lancés en 1999 et le musée inauguré l’année dernière. “Beaucoup de Silésiens qui avaient fui l’Armée Rouge à la fin de la Seconde Guerre mondiale et s’étaient établis ici, de l’autre côté de la Neisse, en pensant retourner dans leur région d’origine une fois le calme revenu, beaucoup ont montré leur soutien, ou disons, leurs enfants ont montré leur soutien”, rapporte Markus Bauer. Le musée de Silésie semble le bienvenu à Görlitz, sur la place du marché. “Un musée du pays”, selon son directeur. La collection du musée permet de présenter la culture et l’histoire de la Silésie sur les 100 dernières années. “Nous recevons de nombreux dons des Silésiens”, explique Markus Bauer. “Beaucoup ont conservé la clé de leur maison, les vêtements qu’ils portaient lors du passage de la frontière, leurs valises, etc. Et souvent, leurs enfants ne veulent plus entendre parler de la Silésie, eux qui pendant toute leur enfance ont entendu combien la Silésie était belle, combien les déplacements furent traumatisants, etc.” Résultat: les reliques rejoignent la collection du musée de Silésie. “Le musée s’est fixé deux priorités”, me précise encore Markus Bauer. “Soigner à la fois le contact avec les Silésiens vivant depuis 1945 en Allemagne ainsi qu’avec les Polonais qui ont repeuplé la région après la guerre et qui, souvent, ont été eux-mêmes déplacés de la frontière entre Pologne et Ukraine et ont mis du temps à se sentir chez eux dans la région, ayant longtemps eu peur de voir revenir les Allemands. Mais maintenant, l’intérêt pour l’histoire de la Silésie est bien là!” Peut-on de là parler d’une certaine conscience transfrontalière d’être Silésien? “Difficile à dire”, me répond Markus Bauer. “Mais parfois, lors de rencontres entre anciens Silésiens et nouveaux habitants de la région maintenant polonaise, les souvenirs se mêlent. Certains constatent qu’ils sont allés dans la même école, ont habité dans la même rue, etc. De là le sentiment d’une certaine unité, au delà des frontières. Mais ce n’est pas encore vraiment répandu”. Une visite des collections du musée, présentées en allemand comme en polonais, permettrait certainement d’en savoir plus! Il me faudra vraiment revenir… pourquoi pas cet hiver, pour voir l’exposition sur la porcelaine silésienne! |